Le gardien a confié au journaliste du Buffalo News, Lance Lysowski, qu'il se sentait confortable dans le rôle de partant lorsqu'il a noté, pour la première fois, assez tôt dans la saison, qu'il avait de la difficulté à suivre la rondelle précisant qu'il ne s'en était pas vraiment inquiété au début. Après quelques-unes de ses défaites, le cerbère avait néanmoins mentionné aux journalistes que certaines circonstances contribuaient à ses difficultés sans élaborer davantage sur la nature de celles-ci afin que personne ne pense qu'il se cherchait des excuses.
Hier, Hutton a cependant révélé que, durant ces deux mois, il avait été aux prises avec de sérieux problèmes visuels. Ceux-ci faisaient en sorte qu'il avait de la difficulté à bien voir les tirs qui étaient dirigés vers lui parce que les rondelles étaient floues. « Même les tirs de routine lors des entraînements étaient laborieux, a-t-il confié. C'était étrange. J'avais de la difficulté à suivre la rondelle. C'était frustrant puisque ça n'affectait pas ma vie de tous les jours, sauf quand j'effectuais des choses à grande vitesse. »
Ayant réalisé qu'il avait un problème, Hutton en a fait part à Mike Bales, l'entraîneur des gardiens de but. Sa première idée a été de le soumettre à davantage de tirs durant les entraînements croyant probablement qu'il lui fallait voir davantage de caoutchoucs afin de retrouver ses repaires. Lorsque le problème a, malgré tout, persisté, Bales lui a alors conseillé de consulter le personnel médical des Sabres. En novembre, il a rencontré le Dr. Mark Lindsay, un chiropraticien et un spécialiste des tissus mous, qui a déjà traité Sidney Crosby et Connor McDavid. Il a aussi consulté le Dr. Mark Gordon, un spécialiste de la vision qui a découvert qu'il souffrait d'insuffisance de convergence. Ce problème visuel fait en sorte que les deux yeux ne bougent pas en même temps ce qui les empêche de converger de la même manière sur un objet. Dans le cas du gardien natif de Thunder Bay, en Ontario, c'est son oeil gauche qui bougeait plus lentement que le droit.
Hutton s'est alors fait prescrire une série d'exercices à effectuer à la maison dans le but de renforcer ses yeux et d'améliorer la convergence. Durant la saison, il rendait visite au Dr. Gordon aux trois semaines afin d'évaluer ses progrès et d'« ajouter des éléments à mon coffre à outils », a-t-il confié au journaliste. Les résultats positifs obtenus l'ont incité à incorporer lesdits exercices dans ses entraînements quotidiens. « (La thérapie) est devenue une partie de ma routine quotidienne. Je fais une tonne d'exercices oculaires différents et des choses pour m'améliorer dans cet aspect », a-t-il dit.
Le gardien a avoué que de devoir effectuer tous ces exercices avait été difficile, mais « à partir du jour de l'An, j'ai senti que ça revenait », a-t-il affirmé. Hutton a cependant dû attendre jusqu'au 11 janvier, alors que l'équipe affrontait les Canucks au KeyBank Center, avant de constater une véritable amélioration. « J'en ai accordé cinq ou six (buts) contre Vancouver, mais c'était le premier match où je me sentais moi-même. C'était une rencontre où je sentais que je revenais à la normalité. J'espère que c'est du passé et que je pourrai aller de l'avant à partir de ça. »
Même si Hutton a mentionné qu'il était soulagé d'avoir retrouvé une vision normale, il a tenu à préciser que cela n'excusait pas sa série de défaites cette saison. « Je sais que parfois c'est un poste ingrat que celui de gardien de but, mais c'est ça qui est ça, a-t-il déclaré. Je dois assumer la responsabilité. Je dois m'en tenir à ça... » Durant les 14 matchs subséquents, Hutton a présenté un pourcentage d'arrêts de .906 et un dossier de 6-7 incluant une statistique de 6-2 en février durant la blessure de Linus Ullmark (bas du corps). Puisqu'il s'est incliné lors de ses quatre derniers départs de la saison, le gardien a terminé la campagne avec un dossier de 12-14-4, un taux d'efficacité de .898, son pire résultat en carrière, ainsi qu'une moyenne de buts alloués de 3,18.
Hutton a affirmé qu'il continuera à effectuer ses exercices oculaires puisqu'ils constitueront désormais un aspect important de sa préparation entre deux saisons qui, cette année, en raison de la pandémie, pourrait durer jusqu'à neuf mois. Il planifie débuter ses entraînements de haute intensité en juillet tout en précisant qu'il n'avait pas l'intention de recommencer à patiner avant le mois d'août. L'un de ses objectifs est aussi de combler toute lacune dans sa façon de gérer ses niveaux d'énergie entre les matchs et les entraînements.
Cette préparation est d'autant plus importante en raison du fait qu'Ullmark se présentera probablement au prochain camp d'entraînement avec la ferme intention de se mériter le poste de gardien no. 1. « Je pense que Linus est vraiment, vraiment, vraiment un bon gardien, a avoué Hutton. Je crois qu'il a le potentiel pour être une star et il est un bon coéquipier, un bon kid. Il y a évidemment ce côté compétitif en moi, mais je ne me stresse pas trop avec ça. Cette situation est hors de mon contrôle, a-t-il ajouté. C'est un jeune homme et je veux qu'il s'épanouisse en tant que no. 1, mais, en même temps, je vais tout faire en mon pouvoir pour jouer, gagner et tourner la situation en ma faveur », a-t-il conclu.
Espérons, pour le vétéran gardien de but âgé de 34 ans, que ses problèmes de vision sont chose du passé et qu'il connaîtra du succès que ce soit à titre de no. 1 ou de no. 2, à Buffalo ou ailleurs.