L'actuelle pandémie pourrait favoriser le retour des Nordiques de Québec
La 25 mai 1995, Marcel Aubut annonçait le déménagement des Nordiques au Colorado, une nouvelle qui a eu l'effet d'une bombe sur la planète hockey, mais surtout sur leurs fidèles partisans qui ne l'avaient pas vu venir. Après n'avoir cessé d'encourager leur équipe, même si celle-ci avait peine à récolter des victoires et se retrouvait, plus souvent qu'à son tour, dans les bas-fonds du classement, ces derniers pouvaient, en effet, commencer à espérer des jours meilleurs. Et, malheureusement, l'histoire leur a donné raison puisque l'Avalanche a remporté sa première Coupe Stanley l'année suivante. Certains argumenteront que la présence de Patrick Roy devant le filet y a été pour beaucoup dans cette victoire et que le CH ne l'aurait jamais échangé à leurs anciens rivaux si l'équipe était demeurée à Québec. C'est possiblement vrai, mais qu'importe, de voir les anciens joueurs de leur club favori soulever le précieux trophée si tôt après avoir dû leur dire adieu a rouvert une plaie qui commençait probablement à peine à cicatriser.
« Comme tous les amateurs de hockey, je me suis senti trahi, a affirmé l'ex-entraîneur des Nordiques et actuel analyste à TVA Sports lors d'une entrevue à l'émission matinale de TVA, Salut Bonjour, hier, alors qu'il s'est exprimé sur le départ de l'équipe survenu il y a déjà 25 ans. C'était d'une tristesse épouvantable, a-t-il dit. Ils ont fait ça en catimini, de façon hypocrite, pour empocher le magot. C'est pour ça que les amateurs de hockey ne leur ont jamais pardonnés, a-t-il déclaré. C'était seulement une question d'argent. Les amateurs ont été oubliés. Ils étaient secondaires pour les propriétaires. Pour ajouter l'insulte à l'injure, l'Avalanche a remporté la coupe Stanley l'année suivante. C'est ce qui fait encore plus mal », a-t-il précisé.
Même après toutes ces années, ce qui frustre le plus « Bergie » est le fait que le club était sur le point de devenir une équipe de premier plan. « Le Tigre » est même allé jusqu'à dire que les Fleurdelisés auraient pu devenir une dynastie avec la présence dans leurs rangs des Joe Sakic, Peter Forsberg, Mats Sundin et Owen Nolan. À son avis, « si Sundin et Nolan n'avaient pas été échangés, le club aurait pu gagner sept, huit coupes Stanley consécutives, a-t-il affirmé. Ces deux joueurs étaient des mines d'or. »
Serge Savard, ancien défenseur, capitaine et directeur général du Canadien de Montréal, a révélé, quant à lui, dans le cadre d'une entrevue à l'émission Franchement Dit sur QUB radio soulignant le 25e anniversaire du départ des Nordiques, qu'il n'avait pas été surpris par la nouvelle en 1995. « Il n'y avait pas de surprise, a-t-il mentionné. À l'interne dans la LNH, nous savions que l'entente était sur le point d'être faite, ce n'était pas juste des rumeurs. Nous avions beaucoup d'informations selon lesquelles l'équipe allait être vendue à Denver. À ce moment-là, il n'y avait pas de plafond salarial. Je pense que les Nordiques et Marcel Aubut ne voyaient pas le jour de la rentabilité. »
Depuis plusieurs années, Québec tente de ramener les Nordiques dans la Vieille Capitale que ce soit par l'attribution d'une nouvelle franchise, comme ce fut le cas pour Las Vegas et Seattle, ou par le transfert d'un club, comme pour Winnipeg. Jusqu'à ce jour, les partisans ont espéré et ont été déçus, mais Jean Martineau, ancien directeur des relations de presse des Nordiques et actuel vice-président des communications de l'Avalanche du Colorado, est d'avis que le principal enjeu, quant au retour éventuel d'une équipe de la LNH à Québec, est l'aspect financier. La ligue semble, en effet, douter qu'un club puisse s'avérer rentable dans un marché de taille modeste. Ce dernier est cependant d'avis que, avec « l'investissement de propriétaires vigilants », les Nordiques version 2.0 pourraient tirer leur épingle du jeu. « Je suis convaincu, même si je ne connais pas quelle est la puissance économique de la grande région de Québec, que cette équipe là aujourd'hui générerait des revenus supérieurs à au moins six à huit clubs dans notre ligue, a-t-il affirmé sur les ondes de QUB Radio, lundi. Est-ce que ce serait suffisant? J'ose croire que oui. » Mais alors est-ce que le Canadien pourrait s'objecter à l'éventuel retour, d'un club de hockey de la LNH, à l'autre bout de la 20?
« Une équipe ne peut pas empêcher [la venue] d'une nouvelle concession si c'est la volonté de la Ligue nationale de hockey, a déclaré Serge Savard lors de son entrevue sur QUB radio. Le Canadien ne pourra jamais empêcher ça. Publiquement, ce serait une honte. Si la ligue décide d'aller à Québec, Montréal sera d'accord. » « Le Sénateur », qui est maintenant âgé de 74 ans, a même ajouté que l'actuelle pandémie de coronavirus pourrait aider Québec à réaliser son objectif.
« Je pense qu'avant la COVID, le contexte devenait de plus en plus difficile pour le retour d'une équipe à Québec, a expliqué l'ancien porte-couleur du Bleu-Blanc-Rouge. Avec la situation économique que nous vivons, je pense qu'il y a de meilleures chances. Je ne peux pas la mettre en pourcentage, mais c'est mon opinion personnelle. Je pense qu'il y a des équipes qui vont être en mauvaise posture. La LNH elle-même va être en moins bonne posture qu'elle l'était avant. »
John Shannon, l'ancien initié hockey de Sportsnet, a déclaré que la saison 2020-2021 ne débutera pas tant que les partisans ne seront pas admis dans les différents amphithéâtres de la LNH. Contrairement à la NFL, la MLB et la NBA, la ligue nationale de hockey tire ses principaux revenus de la vente des billets et non pas des ententes médiatiques ou des revenus publicitaires comme c'est le cas pour les trois autres. Il serait donc très difficile pour le circuit Bettman de demeurer à flot dans de telles circonstances.
Si, en effet, la ligue n'a pas le droit de présenter ses matchs devant des gradins remplis de partisans, cela signifie qu'elle ne récoltera aucun revenu provenant de la vente des billets. Privés de ces revenus essentiels et devant néanmoins assumer les dépenses rattachées à une équipe de sport professionnel, plus de clubs, sinon la majorité, pourraient se retrouver en fâcheuse posture, et ce, à un niveau plus ou moins important. Les six ou huit clubs qui, selon Martineau, le sont déjà pourraient ainsi se trouver dans une situation catastrophique et la LNH pourrait être incapable de tous leur venir en aide comme elle l'a fait, par le passé, pour certains d'entre eux. Le déménagement d'une franchise à Québec pourrait alors devenir une option, mais, si cela s'avérait le cas, est-ce qu'il serait avisé, de la part des futurs propriétaires, de profiter de cette « opportunité »?
Selon vous, s'ils recevaient une telle proposition, devraient-ils l'accepter?
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Selon vous, est-ce que, comme le croit Serge Savard, la pandémie pourrait favoriser le retour des Nordiques? | ||
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